01
20
2016
Aatika, traductrice professionnelle anglais-ourdou

Aatika, traductrice professionnelle anglais-ourdou

Nous avons décidé de nous pencher sur le travail d’Aatika qui travaille pour Cultures Connection en tant que traductrice anglais-ourdou.

Découvrez le portrait d’Aatika, traductrice ourdou chez Cultures Connection depuis maintenant 3 ans. Elle effectue la traduction de documents (textes, sous-titres…) de l’anglais vers l’ourdou.

1. Pourriez-vous nous parler des origines de l’ourdou ? Existe-t-il un lien avec la culture islamique ?

L’ourdou descend de l’hindoustani et des langues indo-aryennes moyennes. Il a également été grandement influencé par l’arabe et le persan. Le mot « ourdou » lui-même provient du mot « armée » en turc. Les verbes de l’ourdou, eux, trouvent racine dans le sanskrit.

L’ourdou a connu son essor durant la période coloniale britannique, lorsque les Britanniques ont remplacé le persan et les langues officielles régionales du Jammu-et-Cachemire (État du nord de l’Inde) par l’ourdou et l’anglais en 1837.

Il s’agit de la langue nationale officielle et lingua franca du Pakistan, ainsi que de la langue officielle de six Etats indiens. L’ourdou fait également partie des 22 langues officielles reconnues par la Constitution de l’Inde (source : BBC).

Il existe bel et bien un lien entre l’ourdou et la culture musulmane car leurs expansions se sont opérées parallèlement. Sans compter que, tout comme l’arabe, il s’écrit de droite à gauche.

2. À quel point est-il difficile de traduire en ourdou ? Désirez-vous ajouter autre chose au sujet de cette langue ?

L’ourdou est très méthodique au niveau de la construction de mots, la grammaire et la syntaxe. Cependant, là où le bât blesse, c’est que chaque nom peut être soit masculin, soit féminin, et il peut être accompagné d’un verbe soit formel, soit informel (plutôt comme le français). L’écriture de droite à gauche représente également une difficulté considérable, plus particulièrement pour ceux qui n’y sont pas habitués.

L’ourdou possède un vocabulaire très varié car il contient des termes turcs, arabes et hindis. Sa littérature est également très riche et, une fois que vous parlez la langue, elle ne peut que vous plaire ! De plus, l’ourdou ne comporte aucune abréviation contrairement à d’autres langues, ce qui le rend facile à comprendre bien que les phrases soient longues.

3. L’ourdou est-iI votre langue maternelle ? Quand et où avez-vous appris la traduction de l’anglais vers l’ourdou ?

L’ourdou et le pachto sont mes deux langues maternelles. L’anglais étant la seconde langue officielle du Pakistan, la plupart des écoles citadines l’utilisent comme langue d’apprentissage. J’ai donc appris l’anglais à l’école avant de faire un master en littérature anglaise à l’université.

4. En tant que traductrice anglais-ourdou, quel type de documents êtes-vous amenée à traduire ? J’ai entendu dire que l’ourdou est en compétition avec l’anglais au Pakistan dans les domaines de l’administration, l’éducation, etc.

J’ai effectué la traduction en ourdou de différents types de documents : des certificats de naissance ou de mariage aux articles de journaux, en passant par les contrats, les manuels techniques ou encore les documents audiovisuels. Sans oublier les notes de cours et les documents concernant les assurances maladie, les soins de santé et le monde universitaire. J’ai également entendu dire que le gouvernement va officiellement remplacer l’anglais par l’ourdou, ce qui représentera sans aucun doute un défi de taille.

5. Est-il important pour vous d’effectuer ces traductions en ourdou? Notamment pour faciliter et améliorer la communication internationale, ou encore pour permettre aux Pakistanais de mieux comprendre les messages que vous traduisez pour eux ?

Pour moi, il est primordial d’employer les termes adéquats en fonction du contexte afin d’assurer une compréhension optimale du message pour le public cible.

6. Avez-vous votre propre code déontologique ?

Bien sûr. Je prône la ponctualité, la sincérité, la confiance, la qualité et le respect des normes. Je préconise également une communication appropriée par l’intermédiaire de termes adaptés. Par ailleurs, je refuse de traduire ou d’interpréter des informations qui vont à l’encontre de mes croyances et valeurs vis-à-vis de l’humanité en général, et plus particulièrement vis-à-vis de ma culture, ma communauté et ma religion.

7. Comment avez-vous entamé votre carrière en tant que traductrice professionnelle (études, formation, travail) ? Vous êtes-vous spécialisée dans un domaine précis ? La traduction médicale, économique ou encore juridique ?

J’avais un emploi à plein temps aux États-Unis, et l’environnement dans lequel je travaillais ne me plaisait pas tellement. J’ai donc commencé à chercher une activité qui me permettrait de travailler chez moi et selon mes propres horaires. C’est ainsi que j’ai eu l’idée de me lancer dans la traduction. Pour me former, j’ai lu énormément de livres en anglais et en ourdou. Mon diplôme en littérature anglaise a bien sur représenté un avantage essentiel. Et en parcourant différentes traductions de l’anglais vers l’ourdou et vice-versa, je me suis rendue compte que j’étais parfaitement capable de transmettre un message depuis et vers ma langue maternelle.

Par ailleurs, au Pakistan, les étudiants sont contraints de s’adonner à la traduction étant donné que leurs langues maternelles sont plutôt le pachto, le pendjabi, le sindhi, le baloutchi, le siraiki, le kohistani ou encore de nombreuses autres langues, et que pour avoir accès à l’éducation ils doivent apprendre l’ourdou, langue nationale, et l’anglais, langue internationale.

8. Où vivez-vous aujourd’hui ? La traduction est-elle votre unique activité professionnelle ? Qu’envisagez-vous pour l’avenir, autant sur le plan professionnel que personnel ?

Je vis aux États-Unis où je dirige ma petite agence de traduction. J’ai également un diplôme d’esthéticienne et je reçois mes propres clients chez moi. Je suis aussi en master en gestion de projet à l’université George Washington, ici aux États-Unis. Mon objectif est de mettre en pratique tout ce que j’ai appris à l’université dans mes travaux de traduction professionnelle.

Un grand merci Aatika!

Découvrez notre bureau de traduction.

Cet article a été écrit par Sarah

Sarah a appris les langues en parcourant le monde, en Afrique, en Australie puis dans les pays d'Amérique Latine. Elle a obtenu en 2012 un Bachelor en Communication, et a rejoint l'équipe de Cultures Connection après une première expérience dans une agence de tourisme argentine.