12
19
2013
Traducteurs et interprètes au cinéma

Les traducteurs et interprètes au cinéma

Traducteur et interprète sont deux métiers majeurs dans l’industrie du cinéma, et le premier est bien souvent moins mis en valeur que le second.

Le travail solitaire et besogneux du traducteur est rarement mis en valeur dans la littérature ou au cinéma. En revanche, le travail d’interprétariat semble avoir plus de « glamour » au point de devenir le sujet de romans et de films. Voici quelques exemples – je compte sur les lecteurs de ce blog pour compléter la liste – d’œuvres dont les héros/héroïnes ne sont autres que des interprètes embarqués/es dans des aventures qui bien souvent les dépassent. Les hommes apparaissent comme des êtres manipulés et à la dérive tandis que les femmes prennent une dimension tragique, mystérieuse et séduisante.

Des traducteurs dans la tourmente

Honneur à l’Argentine, où j’habite, et au talentueux écrivain Alan Pauls. Rimini, le personnage principal de son roman Le Passé (adapté au cinéma par Hector Babenco et interprété par Gael Garcia Bernal) va connaître une descente aux enfers après la rupture avec sa compagne Sofía . Traducteur de formation (il s’est coltiné la traduction de Derrida) il travaillera entre autres comme interprète français-espagnol avant de devenir professeur de tennis et amant de vieilles rombières, sans jamais échapper à la présence vengeresse de son ancienne compagne.

De même, le prix Nobel de littérature Vargas Llosa a donné le rôle du narrateur de son livre Travesuras de una niña mala (Tours et détours de la vilaine fille) à un gentil garçon, Ricardo, interprète sous contrat à l’Unesco et traducteur de textes que presque personne ne lit.  Luis aussi est confronté aux « Tours et détours d’une vilaine fille », une ensorcelante Chilienne, cynique, sans attaches, n’aimant que le voyage et la richesse, qui ne fera qu’une bouchée de cet amoureux sentimental et anodin.

… et des interprètes troublantes

Changement d’angle avec « Je l’aimais » et « l’Interprète ». Dans les deux cas, il s’agit de personnages féminins célibataires, cosmopolites qui travaillent comme interprètes et subjuguent leur partenaire par leur vie indépendante, leur passé et leurs secrets. Dans le roman d’Anna Galvada, Pierre se livre à sa belle-fille Chloé et lui raconte comment il est tombé follement amoureux de Mathilde, interprète rencontrée lors d’une réunion professionnelle au Japon (adaptation cinématographique réalisée par Zabou Breitman avec Marie-Josée Croze et Daniel Auteuil). Dans le film « l’Interprète » de Sydney Pollack, l’agent secret Tobin Keller (Sean Penn) découvre le passé déconcertant et se sent attiré par l’interprète à l’ONU Sylvia Broome (Nicole Kidman) dans le cadre d’une enquête pour déjouer un assassinat visant le président de la République du Matobo pendant sa visite aux Nations Unies.

Quelles rapides conclusions tirer de ces quatre exemples ? Que le métier placide de traducteur/d’interprète peut être bien plus dangereux qu’on ne le croit, que les hommes peuvent y perdre leur âme et les femmes se révéler, sous des apparences sévères, de troublantes créatures.

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Cet article a été écrit par Laurence

Diplômée de Sciences Po Paris, licenciée en littérature comparée Sorbonne IV, DEUG de chinois à l’INALCO. Laurence vit en Argentine où elle a fondé la version argentine des Inrockuptibles.