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2016
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Interpréter pour sauver les langues indigènes

L’interprétation pour sauver les langues indigènes, les défendre et les promouvoir représente une réelle mission pour la protection de cet héritage.

Quechua, guaraní, mapuche, toba, ça vous parle ? Savez-vous qu’il existe 28 langues minoritaires en Argentine ? 15 d’entre elles sont indigènes et seulement deux sont utilisées au niveau institutionnel. Malheureusement, comme dans bon nombre de régions du monde, la majorité de ces langues est menacée car ses orateurs sont poussés à l’assimilation. Afin de préserver cet héritage, l’interprétation peut offrir deux solutions : la défense et la promotion.

Défendre et promouvoir

Défendre une langue, c’est lui octroyer un statut officiel, reconnaître son peuple, augmenter sa représentation dans les institutions publiques et autres domaines de la société civile, et étendre sa visibilité médiatique grâce aux traducteurs et interprètes.

La promouvoir, c’est offrir aux citoyens l’occasion de pratiquer leur dialecte en toutes situations et former ces mêmes traducteurs et interprètes pour permettre aux locuteurs de s’exprimer avec plus d’aisance.

Mais comment pousser les peuples indigènes à pratiquer leur langue alors que les institutions de leur pays ne la comprennent pas ? Dans le monde entier, des actions sont menées par différentes organisations, comme l’Association Argentine des Traducteurs et Interprètes (AATI), pour promouvoir les langues indigènes et former de nouveaux professionnels de l’interprétation.

Le rôle des langues

Les institutions internationales font de la préservation des langues en voie d’extinction une mission au quotidien. Selon la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples indigènes, les langues parlées par les minorités ethniques de chaque pays doivent être respectées et honorées sans discrimination.

Elles constituent une richesse inestimable du patrimoine mondial, il convient donc de les mettre en avant en offrant la possibilité à ses locuteurs de s’exprimer dans leur langue maternelle. D’ailleurs, le fait que des personnalités issues de minorités telles qu’Evo Morales parviennent à accéder à des postes à responsabilité, atteste du progrès accompli.

Auparavant, bon nombre de jeunes se voyaient contraints d’apprendre l’espagnol pour être scolarisés. Toutefois, depuis plusieurs dizaines d’années, le droit à l’éducation bilingue est reconnu par la législation argentine. Grâce à cette réforme, les jeunes étudiants enseignent eux-mêmes leur langue aux générations futures. Peut-être un premier pas vers une longue carrière d’interprétation pour certains ? La formation d’interprètes permet aux institutions d’offrir une attention personnalisée aux citoyens afin qu’ils puissent s’exprimer dans la langue qu’ils maîtrisent le mieux.

Obstacles à la formation

Il va sans dire que ce projet est loin de ne rencontrer aucun obstacle. Une langue est qualifiée de minoritaire parce qu’elle est pratiquée par un nombre limité de locuteurs, dès lors, le nombre de potentiels futurs interprètes est lui aussi restreint.

Bien que le monolinguisme soit devenu l’exception en Argentine, tous les locuteurs ne disposent pas des compétences requises par le métier. La connaissance d’une langue ne suffit pas si elle n’est pas accompagnée d’une solide formation et d’immenses efforts d’apprentissage. En outre, la profession étant peu connue et parfois éreintante, il reste compliqué de motiver les jeunes à s’y engager.

Enfin, les services d’interprétation sont avant tout nécessaires dans des domaines où le jargon est précis, et parfois technique, comme l’éducation, la santé et la justice, et il arrive qu’il n’existe pas d’équivalence aux nouveaux concepts occidentaux.

Bien que ces dernières années aient été marquées par un accroissement du nombre de locuteurs de langues minoritaires, la lutte pour leur sauvegarde reste loin d’être achevée. Le rôle de l’interprète est capital et il est essentiel que ce métier acquière plus de visibilité et de reconnaissance.

Plus les droits des travailleurs seront reconnus, plus les jeunes seront motivés et œuvrerons à défendre leur héritage. De plus, les facteurs politiques et économiques sont à ne pas sous-estimer dans ce contexte mais, malheureusement, les populations indigènes représentent de manière générale la classe la plus défavorisée de la société.

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Cet article a été écrit par Gaelle Hardy

Récemment diplômée en interprétation de l'Université de Liège (Belgique), Gaëlle est actuellement en stage chez Cultures Connection à Buenos Aires.